Les crustacés et les insectes d’eau douce du Saint-Laurent appartiennent à l’embranchement des arthropodes. Cet embranchement est le plus fortement représenté et le plus diversifié du règne animal. Environ un million d’espèces ont été décrites à ce jour, soit environ 90 % des espèces connues.
Les arthropodes
Le mot arthropode signifie « pied articulé ». Ces animaux ont un corps composé de plusieurs segments qui sont habituellement regroupés en deux ou trois régions. Chacun des segments porte des appendices articulés et spécialisés dans une fonction particulière, tels que la locomotion, l’alimentation, la perception ou la reproduction. Les segments sont recouverts d’une cuticule leur servant de squelette externe. Cet exosquelette est par endroits très rigide et résistant comme une armure, ou très mince et flexible, comme c’est le cas aux articulations. Cette cuticule les limite toutefois dans leur croissance. Pour grandir, ils doivent donc périodiquement s’en départir pour en former une nouvelle, plus grande. Cette phase, qui se nomme la mue, est déclenchée par une hormone (ecdysone) et exige une grande dépense d’énergie. De plus, à la suite de la mue, l’animal demeure pour un certain temps très vulnérable aux prédateurs.
Les arthropodes sont bien équipés en organes sensoriels ; ils possèdent des yeux, des organes olfactifs ainsi que des antennes qui leur permettent de sonder leur environnement. Ils ont un système circulatoire dit ouvert, dans lequel circule l’hémolymphe, un liquide s’apparentant au sang. Cette hémolymphe, propulsée par le cœur, circule dans de petites artères jusqu’aux sinus, des espaces entourant les tissus et les organes, et retourne ensuite vers le cœur par des canaux. L’échange gazeux des espèces aquatiques se fait habituellement à l’aide de branchies.
Les crustacés
Parmi les crustacés et les insectes d’eau douce du Saint-Laurent, les crustacés sont probablement la classe la plus facilement reconnaissable des arthropodes. Bien que moins de 10 % des 40 000 espèces de crustacés habitent les eaux douces, ils demeurent très importants dans l’équilibre écologique. Ils sont représentés par les écrevisses, les crevettes et de nombreuses autres espèces plus petites et plus difficiles à associer aux crustacés.
La plupart des crustacés ont un corps divisé en deux ou trois régions : la tête, le thorax et l’abdomen. Chez plusieurs espèces, la tête et le thorax sont soudés et forment le céphalothorax. Chaque espèce présente un nombre variable de segments et chacun d’eux est équipé d’une paire d’appendices. Ils ont toujours deux paires d’antennes, ce qui les distingue des autres arthropodes. Trois paires d’appendices ou plus composent les pièces buccales, et les pattes prennent naissance au thorax. Ces animaux ont la capacité de régénérer un appendice perdu.
Le mâle utilise une paire d’appendices spécialisés, les gonopodes, pour transférer son sperme dans le pore reproducteur de la femelle. Les embryons sont ensuite protégés par la femelle, jusqu’à l’éclosion, en les retenant dans une chambre d’incubation ou, comme c’est le cas chez les décapodes (écrevisses), en les collant à des appendices, les pléopodes, qui leur sont propres. La plupart des espèces aquatiques passent par plusieurs stades larvaires durant leur croissance.
Chez les crustacés d’eau douce, on retrouve les écrevisses, les mysis et les gammares. L’écrevisse appartient à l’ordre des décapodes et est sans doute le crustacé le plus facilement reconnaissable. Son corps est de forme arrondie et elle ressemble en tout point à son cousin le homard. L’écrevisse possède une solide carapace, véritable bouclier recouvrant les faces dorsales et latérales de son céphalothorax. Elle possède cinq paires d’appendices thoraciques semblables à des pattes. La première paire est munie de grosses pinces qui lui servent à se défendre ainsi qu’à capturer et à manipuler la nourriture. Les quatre autres paires, les pattes locomotrices, lui servent pour se déplacer sur le fond. Des déplacements accélérés lui sont aussi possibles grâce à la contraction rapide de son abdomen et de sa palette natatoire. L’écrevisse est un animal nocturne qui se cache le jour dans des trous et sous les pierres, et qui ne sort que la nuit pour se nourrir. Elle est omnivore et peut, selon la disponibilité de la nourriture, alterner entre les modes d’alimentation herbivore, carnivore, nécrophage ou détritivore. L’écrevisse vit en moyenne de deux ans et demi à trois ans et se reproduit généralement plus d’une fois. La période de reproduction a lieu principalement au printemps ou à l’automne. La ponte ne se produisant qu’au printemps, la femelle emmagasine sous son abdomen le sperme de l’accouplement automnal. Elle ne l’utilisera qu’à la fin de mai ou au début de juin, au moment où elle pond ses œufs.
Les insectes
La classe des insectes représente la plus grande diversité de toutes les classes animales. Il existe plus d’espèces d’insectes que toutes les autres espèces animales réunies. À l’exception du milieu marin, où ils sont très peu présents, les insectes ont colonisé tous les habitats de la planète. Leur succès est dû à leur grande capacité d’adaptation ainsi qu’à leur faculté de voler. Ce sont les seuls invertébrés capables de le faire. Ils sont très abondants en eau douce, et des 26 ordres d’insectes existants, 10 comptent des espèces qui passent une partie de leur vie en milieu aquatique.
Le corps d’un insecte est composé de trois parties : la tête, le thorax et l’abdomen. Les segments de la tête sont fusionnés et garnis d’une paire d’antennes et d’une paire d’yeux composés. La bouche est formée de plusieurs paires d’appendices qui déterminent le type d’alimentation de l’insecte. Trois paires de pattes sont attachées au thorax. Lorsqu’ils sont en mouvement, la plupart des insectes gardent trois de leurs six pattes constamment en contact avec le sol, la première et la dernière d’un côté, et celle du milieu, de l’autre. Ce mode triangulaire utilisant le concept du trépied leur assure une grande stabilité. Habituellement, deux paires d’antennes sont attachées au thorax, mais certaines espèces n’en ont qu’une, alors que d’autres n’en ont pas du tout. Finalement, l’abdomen, situé sur la partie antérieure de l’animal, peut compter jusqu’à dix segments.
La métamorphose
Plusieurs espèces animales se métamorphosent durant leur développement. Toutefois, c’est chez les insectes que le phénomène est le plus spectaculaire. Cette métamorphose, qui serait associée à l’évolution des ailes, comporte différentes étapes. De l’œuf, l’insecte passe par différents stades larvaires avant d’atteindre le stade adulte et, dans le cas des espèces aquatiques, émerger de l’eau. Chez la majorité des espèces aquatiques, seuls les stades immatures sont sous-marins, les adultes étant terrestres. Le rôle de la larve est de se nourrir et de croître, celui de l’adulte est de s’accoupler et, dans le cas des femelles, de pondre des œufs à la surface ou sous l’eau. La reproduction des insectes est habituellement sexuée et la fécondation est interne. Un grand nombre d’espèces ne se reproduisent qu’une seule fois dans leur vie.
La métamorphose peut être de deux types : incomplète ou complète. Chez les espèces qui ont une métamorphose incomplète, le corps de la larve, la nymphe, rappelle celui de l’adulte et doit subir une série de mues qui l’amèneront à lui ressembler de plus en plus. Toutefois, certaines espèces à métamorphose incomplète, comme chez les éphémères, ont des larves aquatiques qui ont peu de ressemblance avec l’adulte, mais qui sont parfaitement adaptées à la survie sous l’eau.
Chez les espèces qui ont une métamorphose complète, soit près de 90 % d’entre elles, les larves, généralement vermiformes, ne présentent aucune analogie avec la morphologie de l’adulte et vivent dans un environnement très différent. Après une série de mues qui varient selon l’espèce, les larves arrivent à maturité et se transforment en pupe ou chrysalide. Elles doivent alors nager ou ramper pour émerger hors de l’eau et se transformer en adultes. C’est le cas des phryganes, appartenant à l’ordre des trichoptères.
Parmi les insectes aquatiques communs dans les eaux douces du Saint-Laurent, des espèces de trois ordres ont été incluses dans ce guide : les éphéméroptères, les odonates et les trichoptères.
Références bibliographiques
Wiki – Crustacés
Espace pour la vie – Arthropodes
Espèces observées dans le tronçon fluvial du Saint-Laurent
Écrevisse à pinces bleues
Écrevisse à rostre caréné
Écrevisse à épines
Mysis
Larves de trichoptères
Larves d’éphémères
Larves de demoiselles
Larves de corydales